INTERVIEW. Harry Roselmack : “Se demander qui l'on est nous éloigne des autres ! A l'inverse, s'interroger sur ce que l'on est fait lien” - Closer (2025)

Cette interview est parue dans le numéro 0961

CLOSER -VoussignezIl n'est pas trop tard pournaître,un essai sur l'origine et lesens de notre existence… Une façon de se mettre à distance de latriste actualité ?

HARRY ROSELMACK -Je suis d'autant plus révoltépar les conflits qui agitent le monde, par ces innocents quimeurent, que la paix n'est pas une utopie. Elle dépend de nous,humains, de notre volonté collective d'arrêter la guerre. Dans cetouvrage scientifique, je m'aide des théories d'Aristote, IsaacNewton, Hubert Reeves, Stephen Hawking… et j'aboutis à laprobabilité que l'univers créé il y a 13,8 milliards d'années nousmontre une façon d'évoluer qui mêle organisation, harmonie etmutation. Nous devons prendre conscience du rôle à jouer sur Terreen vue d'un avenir plus réjouissant.

Vous êtes croyant, animé par la foi chrétienne et,pourtant, vous écrivez que “les religions sont comme des opérateurstéléphoniques”…

Je pense qu'il y a un Dieu créateur et pas seulement une énergiequi organise tout de façon aléatoire… Les religions sont des moyensde se connecter avec ce “grand ordonnateur”. Pourtant, elles onttendance, comme les politiques, à nous imposer des dogmes, à nousdiviser… L'important, dans ce cheminement, c'est de trouver laboussole, la direction qui nous permet d'approcher notre raisond'être. Quand je téléphone à mes parents, ils sont contents que jeprenne de leurs nouvelles, mais se fichent que je les appelle avecOrange ou SFR !

C'est à vos parents, justement, que vous dédiez celivre…

Je leur dois d'être celui que je suis. Mon papa, CRS, et mamaman, employée de La Poste, ont été aimants et aidants. Ils m'onttransmis des valeurs fortes et m'ont toujours inspiré. En parallèlede la Police, mon père animait, à Tours, une émission musicale surune radio antillaise. C'est sur cette station que, lycéen, j'airéalisé mes premiers flashs info… et c'est donc à lui que je doisd'exercer ce métier qui est une vraie vocation. J'ai toujours étécurieux, soucieux de partager, de transmettre. Je dédie ma vieprofessionnelle à cette médiation de l'information, par l'écritureou le travail journalistique.

“Je regrette que les pirescriminels deviennent des icônes de la pop culture, des héros quifascinent et divertissent”

Vous avez souhaité aussi, en préambule de votre ouvrage,rendre hommage aux frères Bogdanoff…

Je voulais effectivement saluer la mémoire d'Igor et de Grichka,deux penseurs enthousiastes, deux vulgarisateurs de génie, deuxaudacieux, parmi les premiers à se lancer dans une recherche surl'avant Big Bang en utilisant les outils de la science. Je suis néen 1973… C'est leur émissionTemps Xqui m'afait découvrir l'espace et rendu accessible des notionscomplexes.

Vous dites qu'avoir envisagé l'origine de l'existence etcompris la mécanique de l'évolution vous a changé…

Je suis entré dans l'histoire comme le premier présentateur noirdu JT de 20 heures, en France. Si je ne me perçois que comme Noir,je vais avoir des combats, des engagements hypercommunautaires,voire sectaires. Se demander qui l'on est nous éloigne des autres.A l'inverse, s'interroger sur ce que l'on est fait lien. Pourrelativiser la question de l'identité, je prône la grandeur d'âme,c'est-à-dire la capacité à se projeter dans ce que l'on n'estpas…

La gratitude semble avoir une grande place dans votrevie, non ?

Je savoure chaque instant, j'admire la beauté de l'existant, carje sais à quel point un atome est improbable, à quel point lamatière est complexe… Une gouttelette m'émerveille, car je suisconscient qu'elle est le fruit d'un calibrage incroyable… Ce regarddifférent, cette “re-co-naissance” va permettre, je l'espère, desauver la planète qui, à ce rythme, se dirige vers une extinctionprématurée. Heureusement, j'ai confiance en nos générationsfutures. Je suis père de deux filles de 15 et 16 ans et d'un garçonde 13 ans. Leur capacité à explorer, à choisir, à décider, me rendoptimiste.

Vous êtes philosophe, mais gardez tout de même vosparadoxes… Notamment parce que vous êtes une star télé?

L'apparition à l'écran, c'est le règne du spectaculaire, certes,mais ce qui m'intéresse dans le magazine de société que jeprésente, c'est l'éthique et la morale de ma profession. C'est dene jamais sacrifier les gens au culte du sensationnalisme. Jeregrette que les pires criminels, les dealers, les tueurs en sériedeviennent aujourd'hui des icônes de la pop culture, des héros quifascinent et divertissent.

Seriez-vous irréprochable ?

J'essaye d'avoir un comportement vertueux, d'exprimer maspiritualité, mais j'ai des progrès à faire : je mange de laviande, je prends ma voiture pour de petits trajets, je surconsommeparfois…

Vous lancez aussi une gamme de cosmétiques…

Et j'ai également réalisé un film ! Pourquoi ne pas entreprendre? Dans cette quête d'une relation respectueuse, équilibrée etdurable avec notre système, le désir fait agir, avancer. Il fautjuste le distinguer de l'amour qui, selon moi, est LA notionfondamentale.

En quoi l'amour est-il si fondamental ?

C'est un sentiment transcendant, celui qui a enclenché leprocessus de création, le seul principe évident, inspirant. Si l'ons'aime, on ne sera pas dans la vanité, la superficialité oul'accumulation. De la même manière, si l'on aime l'autre, on val'accepter comme il est, avec ses différences !

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